« Noms de rues – noms de femmes »,
par Nadine Geisler au centre culturel régional « opderschmelz » (15.03.16)

Nadine_GeisleLes noms de rues portent la mémoire collective d’une ville, en reflètent l’histoire et les mentalités. Partant de ce constat, l’historienne Nadine Geisler avait convié à une conférence-exposé qui, bien au delà du contexte topographique, a dressé un véritable état des lieux de la promotion de l’égalité entre femmes et hommes à Dudelange.

En 2016, l’égalité entre femmes et hommes a beaucoup progressé. Il n’en demeure pas moins que, même dans notre société dite moderne, cette cause logique et irréfutable est loin d’être acquise. ll ne faut d’ailleurs pas aller chercher bien loin pour s’en rendre compte. En effet, si l’on parle d’égalité, on doit aussi parler d’égalité dans la représentation. Dès lors, comment expliquer qu’en 2009, les rues luxembourgeoises portaient 1356 noms d’hommes contre 125 noms de femmes ? Entretemps, 30 noms de femmes supplémentaires ont été recensés (Conseil national des femmes, projet « Les rues au féminin »). Parmi ces 30 noms, pas moins de six ont été attribués par la Ville de Dudelange.

Après avoir exposé le contexte évoqué plus haut, Nadine Geisler s’est penchée successivement sur les biographies remarquables des six personnalités retenues par la commission égalitaire de la commune de Dudelange, et unanimement approuvées par le conseil communal en date du 13 février 2015. Ces personnalités désignent désormais cinq rues et une place, en l’occurrence :

  • Rue Andrée Viénot-Mayrisch
  • Rue Marthe Bigelbach-Fohrmann
  • Rue Milly Steinmetz-Ludwig
  • Rue Marie Berg-Clausse
  • Rue Marie Carmes-Heffenisch
  • Place Cécile Biever-Wagner

Chacune de ces femmes avait un lien intrinsèque avec la ville de Dudelange. Bien que leurs parcours de vie étaient différents, toutes se caractérisaient par une personnalité, une volonté et un courage hors du commun.

Sachant qu’au Luxembourg, le droit de vote ne s’est étendu aux femmes qu’en 1919, il y a lieu de considérer Andrée Mayrisch (1901-1976), Cécile Wagner (1911-2005) et Marthe Fohrmann (1933-1995) comme des pionnières de l’engagement politique des femmes au Grand-Duché.

Milly Ludwig (1927-2011), quant à elle, a réussi à mener une carrière sportive de haut niveau dans les années 1940, en représentant notre pays notamment aux Jeux Olympiques de Londres (1948) avec des moyens dérisoires, pour ne pas dire inexistants.

Finalement, deux figures emblématiques de la résistance luxembourgeoise, Marie Clausse (1909-1975) et Marie Heffenisch (1902-1985), à l’instar de nombreuses femmes anonymes, n’ont pas hésité à mettre leur vie en péril afin de protéger des réfractaires au régime nazi. Elles ont d’ailleurs payé le prix fort, car elles furent déportées.

Toutes sont désormais représentées comme il se doit dans un paysage urbain qui retrouve, ou découvre, une partie essentielle de sa mémoire.

Sources :

  • http://www.cnfl.lu/communes/downloads/releveruesaufeminininternetactualise.pdf
  • CNFL, Les rues au féminin, Edition 2015
  • Anina Valle Thiele, Gleichstellung: Die Qual mit der Quote, 2015-10-01 (http://www.woxx.lu/gleichstellung-die-qual-mit-der-quote%E2%80%A9/)
  • Gaby Sonnabend, Pierre Viénot (1897–1944). Ein Intellektueller in der Politik, München : Oldenburg 2005, p. 90–93
  • Galerie: revue culturelle et pédagogique. Differdange 19 (2001), n°1
  • Gaby Sonnabend, Une expression d’extraordinaire puissance …: die zwei Mayrisch-Paare und ihre Bedeutung: die Familie Mayrisch und Luxemburg, dans: Differdange 31(2013), n°4, p. 519–538.
  • Guy Schubert, 90 Joër Peaux-Rouges, p. 31.
  • Renée Wagener, „Frauen aller Stände, beschreitet den Weg der Selbsthilfe“. Catherine Schleimer-Kill und die ‚Action féminine‘, dans: Germaine Goetzinger, Antoinette Lorang. Renée Wagener (Hrsg.), „Wenn nun wir Frauen auch das Wort ergreifen …“, Luxembourg 1997, p. 119.
  • Frank Wilhelm, Le général de Gaulle et les époux Viénot-Mayrisch, dans: 400 Joer Kolléisch, Luxembourg 2003, p. 297–308.
  • Joseph Durlet, Nic Biever: sein Leben – von der Wiege bis zur Bahre, Esch-sur-Alzette 1990, p. 46.
  • Renée Wagener, „Méi Sozialismus!“ Lydie Schmit und die LSAP, Esch-sur-Alzette 2013, p. 224.
  • Livre d’or du Cercle Athlétique Dudelange ; site web : http://www.cadudelange.lu/
  • Article de Lucien Blau, Laufen, Springen, Ringen, Schiessen, dans : Centenaire Dudelange 1907–2007, Dudelange 2007, p. 178–181.
  • Kathrin Mess, „… als glitt ich aus der Zeiten Schoss“: vergessene Luxemburger Resistenzlerinnnen, Luxembourg 2013 (siehe hierzu: http://wp.flussbach.de/wp-content/uploads/2014/09/Marie_Berg_Clausee_k2.pdf).
  • De Gemengebuet Colmar-Berg 01/2014 Joergank 9/N° 18, p. 71, visible sur: http://colmar-berg.lu/documents/369fr_2014-1.pdf.
  • Paul Dostert, La résistance luxembourgeoise (19940–1944), dans: Ons Stad, 71(2002), p. 12–15.