Par une soirée d’automne plutôt froide, les feuilles craquant sous nos pieds, c’est vers le stade Jos-Nosbaum que nous nous dirigeons. Enfin non, pas tout à fait. Nous nous arrêtons à quelques mètres de là, sonnons à une porte et nous engouffrons dans un petit couloir. Pour nous accueillir, Johny Houtsch, Did Schintgen et Lenny Pallucca. Trois hommes. Trois figures du club de billard de Dudelange.

Au billard, on y a déjà tous au moins joué une fois. Comme nous, probablement dans un bar ou un bistro. Pour Did Schintgen, l’actuel président du club, l’histoire est un peu la même. À un détail près. La discipline, il la découvre adolescent, à la maison des jeunes de Dudelange, où se trouve une table de billard pool. La passion le gagne mais, à l’époque, il a déjà d’autres engagements sportifs, dont le handball, qui occupent une grande partie de son temps. Des années plus tard, début des années 1990, installé dans un bistro et tasse de café à la main, il aperçoit une table de billard carambole. Une passion s’oublie rarement. Ni une, ni deux, il rejoint un premier club, avant de devenir membre, quelques temps plus tard, de celui de la localité du sud.

Lenny, lui, a franchi le cap à 12 ans. A l’âge où d’autres se tournent plus communément vers le football ou l’athlétisme, lui tombe sous le charme du billard après s’y être essayé en plein milieu d’une galerie commerciale. Le coup de foudre est immédiat, et se transforme d’ailleurs en une relation prometteuse : désormais âgé de 17 ans, Lenny est l’un des espoirs de la discipline au Luxembourg.

Le billard rime avec convivialité… Et sport cérébral !

Johny Houtsch a également découvert le billard à l’adolescence. Avec de la malice dans la voix, il avance une raison quant au fait qu’il ne soit jamais devenu un grand joueur : « très rapidement, je me suis consacré aux responsabilités administratives du club, mais aussi au niveau international, au lieu de jouer. Tour à tour, j’ai été trésorier, président, membre de la fédération également. Cela demande beaucoup de temps ». Did nous confirme que ce rôle de président (cumulé avec celui de président de la Fédération nationale et de Directeur jeunesse au niveau européen) demande de l’investissement, mais tient malgré tout à rester joueur en parallèle et, surtout, à prendre part à des compétitions lorsqu’il en a la possibilité.

Car être un bon joueur de billard, cela ne s’improvise pas. Bien sûr, il arrive que la chance s’en mêle. Mais il s’agit surtout d’une question de précision : « tout se joue au millimètre » commente Lenny. Pour acquérir cette exactitude, rien de tel que des entraînements. Une fois par semaine, le jeudi soir. Tous les 15 jours, un autre entraîneur fait également le déplacement à Dudelange, spécialement pour Lenny. Au total, le jeune homme s’entraîne 6 à 8 heures par semaine, sans compter les matchs et les compétitions auxquels il prend part. Et ses efforts paient ! À 17 ans, il a déjà pris part aux championnats d’Europe et entend bien, un jour ou l’autre, participer aux championnats du monde : « C’est mon rêve, et je ferai tout pour y parvenir ».

Ambitieux, Lenny l’est. Mais garde les pieds sur terre. En abordant les championnats d’Europe, Did aussi se remémore la première fois où il y a participé, et partage avec nous une anecdote amusante à laquelle nous ne nous attendions pas : « lors de ma première participation, j’ai remporté mon premier match. J’étais tellement heureux que j’ai fêté cela avec des amis. Si bien que le second match, je l’ai perdu d’un point… La fatigue de la veille ! ».

Une discipline qui mérite de sortir de l’ombre

Si le billard demande de la précision, il demande également une bonne dose de concentration. « Le principe de ce sport peut paraître très simple. Pourtant, il est mathématique et stratégique. Lorsqu’on joue, il faut pouvoir faire abstraction de ce qui se passe autour de soi. On se sent alors parfois dans un autre monde » souligne Did. Comme le résume Lenny, « il faut réussir à maîtriser ses nerfs, tout en veillant à respecter l’adversaire ».
Et au fait, le billard, c’est aussi une discipline féminine ? Évidemment que oui, mais comme le fait constater Johny, « une seule femme est licenciée dans le pays ». « Un travail doit être réalisé à ce niveau au Luxembourg » ajoute Did.


Homme ou femme, le billard peut en tous cas se pratiquer à tous les âges. Un sport qui réunit toutes les générations. C’est d’ailleurs le cas à Dudelange. Entre eux, les joueurs ont tissé des liens forts explique Johny. Même lorsqu’ils s’affrontent en match, respect et bienveillance sont au rendez-vous. Il en va de même lorsque Lenny et son papa, joueur également, se disputent la victoire. Le seul détail qui a changé ? « Il y a longtemps que papa ne gagne plus » répond en souriant le jeune garçon.

Le saviez-vous ?
Si les joueurs du club de billard de Dudelange pratiquent le billard carambole (appelé également billard français), des tables de billard pool ont récemment rejoint l’association sportive. La différence entre les deux disciplines ? La table pool a 6 trous, tandis que la table carambole n’en a aucun.

Grâce à cette nouveauté, le club espère attirer de nouveaux joueurs. Vous êtes intéressé(e) ? Rendez-vous sur la page Facebook du Cercle Billard Dudelange pour plus d’information.