Lorsqu’on parle d’athlétisme à qui que ce soit, il y a bien souvent un nom qui ressort : celui d’Usain Bolt. Mais la discipline ne se résume pas au seul nom du jamaïcain. Et ce n’est pas à Dudelange qu’on dira le contraire. Certes, le CAD n’accueille pas (encore) de champions olympiques, mais le club regorge de jeunes talents prêts à en découdre pour porter haut les couleurs de leur sport favori. Parmi eux, Olivier Boussong, que nous avons croisé au stade J.F. Kennedy.

Prêt à monter sur la piste, le jeune homme est ici, à Dudelange, dans son « arène ». Il faut dire que le Cercle Athlétique, ce spécialiste du 100m et du 200m le côtoie depuis déjà pas mal d’années : « cela va faire 20 ans que je fais de l’athlétisme dans le club. J’ai commencé lorsque j’en avais 4, grâce à mon oncle qui y était affilié ». Tout jeune, Olivier n’avait pas vraiment d’attente par rapport à ce sport, c’est surtout pour le plaisir qu’il le pratiquait, pour y retrouver ses amis. À l’âge de 16 ans, là où d’autres préfèrent rester enfermés chez eux devant l’ordinateur ou le téléviseur, son parcours prend un virage à 180 degrés : les entraînements « pour le loisir » laissent peu à peu place à des séances destinées à former un futur grand.

Graine de champion

Alors qu’Olivier nous relate son parcours, c’est sa coach qui déboule, Danielle Lorang. Danielle, des sportifs, elle en a vu défiler. Entraîneur depuis 1984, et elle-même heptathlonienne, elle a débarqué au CAD en épousant Jean, secrétaire et trésorier du club. Depuis quelques années maintenant, elle et Olivier forment un duo, un binôme. Entre les deux, une relation de confiance s’est créée, d’estime aussi. Pour Danielle, son jeune poulain est « un athlète modèle ». Lui, l’appelle volontiers sa « troisième grand-mère ».

« Voir Olivier réaliser des performances, c’est aussi une victoire pour moi » souligne celle qui était également prof de sport dans l’enseignement primaire. Leurs investissements sur la piste ont d’ailleurs porté leurs fruits il y a encore quelques semaines, lors des Championnats d’Europe d’athlétisme par équipe. Là, en Croatie, Olivier et ses trois coéquipiers ont fait exploser le compteur en pulvérisant le record luxembourgeois du 4×100 mètres, qui datait d’il y a 40 ans.

« Lorsque j’ai pris connaissance du chrono, je me suis dit que c’était une récompense pour tous les sacrifices réalisés. Ce moment est unique, c’est avec 3 coureurs devenus des amis que je l’ai vécu. C’est clairement ce genre de chose qui me motive, qui m’incite à continuer ».

Prendre du plaisir !

Pour la présidente du CAD, Josée Lorsché, c’est également une fierté d’assister aux exploits d’Olivier. Mais le principal n’est pas là. Son objectif est bien plus ambitieux : « l’essentiel est de donner envie aux jeunes de pratiquer un sport, de prendre part à des compétitions, sans pour autant leur mettre trop de pression. D’ailleurs, je dis toujours que gagner, c’est bien, mais que ce sont ceux qui se classent derrière qui en apprennent le plus ».

Son avis, Danielle le partage. D’ailleurs, en tant qu’entraîneur, elle a également un crédo : « je n’ai jamais voulu être trop autoritaire avec mes sportifs. Mon rôle n’est pas de dicter une méthode et de la faire appliquer, mais bien de créer un programme de coaching adapté, et d’en discuter. L’athlète doit comprendre ce qu’il fait, autrement, je pense que ça ne peut pas fonctionner ».

Les deux femmes sont également d’accord sur un autre point : il faut être sévère avec soi-même si l’on veut obtenir des résultats. Cette caractéristique, Josée en a d’ailleurs fait un mode de vie : « c’est dans ces moments, pas toujours évidents, que mon caractère s’est forgé. Pour cela, j’ai beaucoup de gratitude envers mes entraîneurs, je leur dois beaucoup ». Car, oui, avant d’être présidente du club, Josée est également un pur produit du CAD : membre depuis 1973, et spécialiste des moyennes distances (800m – 1.500m – 3.000m), elle a décroché plusieurs titres nationaux.

Ce poste de présidente, c’est un peu par hasard qu’il lui est tombé dessus : « les membres du comité m’ont contactée à plusieurs reprises. Je ne voulais pas m’impliquer davantage car je pensais manquer de temps pour bien faire. Mais ils ont insisté, et comme je ne sais pas dire non quand quelque chose me plaît… Mais au final, je ne regrette absolument pas » confie Josée.

Une fidélité à toute épreuve

Pour elle, quelque part, c’est une manière de redonner au club ce qu’il lui a donné. Olivier, lui aussi, a envie de transmettre ce que le CAD lui a apporté, une fois sa carrière derrière lui : « Danielle et tous les autres entraîneurs que j’ai pu avoir m’ont énormément appris, tant au niveau sportif qu’extra-sportif. D’ailleurs, c’est impensable qu’un jour, j’aille dans un autre club ».

Danielle non plus, ne quittera jamais le CAD. « J’y suis tellement impliquée que l’agenda de mes vacances est dicté en fonction du club » reconnaît-elle en riant. Josée, elle, ne peut pas s’empêcher de lire tous les résultats de ses athlètes, « du premier au dernier », et ce même quand le temps lui manque.

En nous éloignant du stade, nous en avons l’intime conviction : le CAD, c’est du team spirit. Mais c’est aussi une belle et grande famille.